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Culture, Modes de vie, Arts de Vivre

Culture, Way of Life and Lifestyle

Une visite incontournable pour comprendre l'histoire des mouvements migratoires dans l'Hexagone et les multiples rôles joués par les personnes venues d'ailleurs dans l'économie et la culture française. ||An essential visit to understand the history of migratory movements in France and the multiple roles played by foreigners in the French economy and culture.

Alors que les journaux, les médias parlent sans cesse de l'immigration, des immigrants, on peut se demander si le musée sur l’histoire de l’immigration peut-il encore avoir un rôle effectif à jouer ? « C’est toujours très utile de travailler sur la réalité du fait migratoire, affirme Tania Racho, spécialiste en droit européen et membre du réseau Désinfox-Migrations, qui lutte contre la désinformation sur les migrations. Tout le discours politique est fondé sur une fausse idée de ce qu’est la migration, comparée à une submersion. » Elle poursuit : « Les Français pensent qu’il y a 23 % d’étrangers dans le pays, alors qu’il y en a moins de 8 %, soit 15 points d’écart. Ce type de musée sert à remettre les réalités en place et changer la narration ». Pour ceux et celles qui viennent en touristes ou choississent de venir travailler ou vivre en France, comprendre nos racines mutliculturelles et apprécier les principes et valeurs françaises seront des expèriences enrichissantes à ne pas manquer.

While the newspapers and the media are constantly talking about immigration and emigrants, we can ask ourselves if the museum on the history of immigration can still have an effective role to play? “It’s always very useful to work on the reality of migration,” says Tania Racho, specialist in European law and member of the Désinfox-Migration network, which fights against disinformation on migration. All political discourse is based on a false idea of what migration is, compared to submersion.» She continues: “The French think that there are 23% foreigners in the country, while there are less than 8%, a difference of 15 points. This type of museum serves to put realities in place and change the narrative”. For those who come as tourists or choose to come work or live in France, understanding our multicultural roots and appreciating French principles and values will be enriching experiences not to be missed.

Une visite incontournable d'une grande richesse pour tous: le Musée National de l’Histoire de l’Immigration (MNHI) dans le Palais de la Porte Dorée. Comme son nom l'indique, ce dernier retrace l'histoire des mouvements migratoires dans l'Hexagone et présente les multiples rôles joués par les personnes venues d'ailleurs dans l'économie et la culture française. Le musée accueille fréquemment des expositions d'envergure tandis que ses collections permanentes sont composées de milliers de témoignages, articles, œuvres d'art et objets historiques. Encore plus que l'histoire de l'immigration, ce lieu unique pousse à s'interroger sur les notions d'altérité, de fraternité, de dialogues et d'échanges.
 
Comme le rappelle Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte Dorée, l’identité de la France, pour reprendre l’expression braudélienne, repose sur : " l’histoire de celles et de ceux qui y sont venus, des tourments qui ont accompagné ces arrivées, des réussites et des difficultés qui y ont succédé "
Par ses ancêtres, par ses voisins, par tout ce qu’ont apporté les immigré.e.s à la France, c’est une histoire nationale qu’il s’agit de montrer.

"Son parcours chronologique s’articule dorénavant autour de 11 « dates repères » historiques. Il démarre en 1685 avec la promulgation du Code noir, avec en écho une installation sur la mémoire de l’esclavage par l’artiste franco-haïtienne Gaëlle Choisne. Si le climat politique anti-migrants et les discriminations pour une partie des populations descendantes d’immigrés persistent (comme le montre une fois encore une récente étude de l'Insee), la mission principale de l’établissement reste de « contribuer à faire évoluer les regards et les mentalités sur l’immigration ». Le musée insiste sur l’importance de recentrer ses efforts sur sa vocation première : réconcilier histoire de France et celle de l’immigration, afin de construire un récit collectif apaisé. « L’histoire de l’immigration est celle de notre pays », martèle Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte Dorée..."

 

An unmissable visit of great value for all: the National Museum of the History of Immigration (MNHI) in the Palais de la Porte Dorée. As its name suggests, the latter traces the history of migratory movements in France and presents the multiple roles played by people from elsewhere in the French economy and culture. The museum frequently hosts major exhibitions while its permanent collections are made up of thousands of testimonies, articles, works of art and historical objects. Even more than the history of immigration, this unique place prompts us to question the notions of otherness, fraternity, dialogue and exchange.
As recalled by Constance Rivière, general director of the Palais de la Porte Dorée, the identity of France, to use the Braudelian expression, is based on:
“the story of those who came there, of the torments that accompanied these arrivals, of the successes and difficulties that followed.”
By its ancestors, by its neighbors, by everything that immigrants have brought to France, it is a national history that must be shown.

“Its chronological journey is now structured around 11 historical “milestone dates”. It begins in 1685 with the promulgation of the Code Noir, with an echoing installation on the memory of slavery by the Franco-Haitian artist Gaëlle Choisne. If the anti-migrant political climate and discrimination for part of the populations descended from immigrants persist (as shown once again in a recent INSEE study), the main mission of the establishment remains to "contribute to the development of views and mentalities on immigration". The museum insists on the importance of refocusing its efforts on its primary vocation: reconciling the history of France and that of immigration, in order to construct a peaceful collective story. "The history of immigration is that of our country", insists Constance Rivière, general director of the Palais de la Porte Dorée,...

Quand Bécassine était une étrangère

When Bécassine was a foreigner

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L'éléphant dans la pièce : le non-dit colonial 

The elephant in the room: the colonial unsaid

 
Des discriminations aux enjeux mémoriels
From discrimination to memory issues

Le musée national de l’Histoire de l’immigration tente de faire sa mue Par Katia Yezli

La conception du nouveau parcours se caractérise par une vision plus longue et globale de l’histoire de l’immigration, s’appuyant sur le rapport de l’historien Patrick Boucheron, placé à la tête d’un large comité scientifique. En plus de remonter dans le temps, deux siècles plus tôt, l’autre grande nouveauté concerne la prise en compte de l’éléphant dans la pièce : à savoir le non-dit autour du colonialisme et de l’esclavage. « Le parcours précédent, très marqué notamment par le travail de Gérard Noiriel, était centré sur l’histoire de l’immigration européenne, qu’il faisait démarrer au XIXe siècle, explique Camille Schmoll, géographe à l’EHESS et membre du comité scientifique. La dimension coloniale dans toute la question migratoire est pourtant fondamentale, même si on ne peut pas limiter l’histoire de l’immigration à celle-ci. C’est dans cette tension-là qu’on a essayé de travailler. » 

Paradoxe ou ironie du sort ? Cette histoire coloniale vient s’inscrire sur les murs mêmes du musée, censé apporter une distance critique. En effet, le Palais de la Porte Dorée, un bâtiment monumental Art déco, a été spécialement construit pour l’Exposition coloniale internationale de 1931, avec ses bas-reliefs s’étalant sur toute la façade et ses immenses fresques tout à la gloire de l’empire colonial français. Avant que le MNHI (anciennement Cité nationale de l'histoire de l'immigration, CNHI) ne s'installe à la Porte Dorée, d’autres lieux avaient été envisagés : la Bourse de Commerce, une partie du Palais de Chaillot, l’hôpital Laennec, l’ancien Centre-Américain à Bercy ou encore… le toit de la Grande Arche de La Défense. « Même si ce n’est pas facile, on doit faire face à notre histoire et assumer le rôle de propagande coloniale que ce lieu a joué », déclare Constance Rivière. « Le musée doit investir son lieu car il lui faut affronter son histoire », sans pour autant « imposer à l’histoire des immigrations une surdétermination coloniale », précise pour sa part Patrick Boucheron dans son rapport. Cependant le génie des lieux, avec son cadre imposant, résiste à cette volonté d’y faire face, à cette « volte-face » supposée déjouer « la ruse de l’histoire », comme le préconise l’historien. Cette contradiction dérangeante, qui a fait l’objet de critiques dès ses débuts (et même dès 1960, en pleine décolonisation, quand le Palais de la Porte Dorée abrita le musée des arts africains et océaniens), est encore pour beaucoup intenable. 

Par Katia Yezli LE QUOTIDIEN DE L'ART

The National Museum of the History of Immigration is trying to transform itself By Katia Yezli

"The design of the new course of the exhibition is characterized by a longer and more global vision of the history of immigration, based on the report of the historian Patrick Boucheron, placed at the head of a large scientific committee. In addition to going back in time, two centuries earlier, the other big novelty concerns taking into account the elephant in the room: namely the unsaid around colonialism and slavery. “The previous course of the exhibition, very marked in particular by the work of Gérard Noiriel, was centered on the history of European immigration, which he started in the 19th century," explains Camille Schmoll, geographer at EHESS and member of the scientific committee. "The colonial dimension in the whole migration question is nevertheless fundamental, even if we cannot limit the history of immigration to this one. It is under such challenge that we tried to work."
Paradox or irony? This colonial history is inscribed on the very walls of the museum, supposed to provide a critical distance. Indeed, the Palais de la Porte Dorée, a monumental Art Deco building, was specially built for the International Colonial Exhibition of 1931, with its bas-reliefs spreading over the entire facade and its immense frescoes all to the glory of the French colonial empire. Before the MNHI (formerly Cité nationale de l'histoire de l'immigration, CNHI) moved to the Porte Dorée, other locations had been considered: the Bourse de Commerce, part of the Palais de Chaillot, the Laennec hospital, the former American Center in Bercy or even… the roof of the Grande Arche in La Défense. “Even if it is not easy, we must face our history and assume the role of colonial propaganda that this place played,” declares Constance Rivière. “The museum must invest in its place because it must confront its history,” without “imposing colonial overdetermination on the history of immigration,” specifies Patrick Boucheron in his report. However, the genius of the place, with its imposing setting, resists this desire to face it, this “about-face” supposed to thwart “the ruse of history”, as the historian recommends. This disturbing contradiction, which has been the subject of criticism from its beginnings (and even from 1960, in the midst of decolonization, when the Palais de la Porte Dorée housed the museum of African and Oceanian arts), is still untenable for many."

Article in French, by:  Katia Yezli LE QUOTIDIEN DE L'ART

Le Musée national de l'histoire de l'immigration se trouve dans le 12e arrondissement, situé au Palais de la Porte Dorée (ligne 8, arrêt Porte Dorée, le tram T3a, ou les bus 46 et 201) : informations pratiques

" Le Musée national de l'histoire de l'immigration est une institution culturelle, scientifique et pédagogique pluridisciplinaire : espaces d'exposition, salle de spectacle, cinéma, lieu de réflexion et de débat, activités artistiques. Il a pour mission de rassembler, sauvegarder, mettre en valeur et rendre accessible au plus grand nombre l’histoire de l’immigration, pour faire connaître et reconnaître son rôle dans la France d’hier et d’aujourd’hui. Le musée propose une approche ample, du point de vue chronologique (de 1685 à nos jours), géographique (la France dans le monde) et thématique : les statuts, les migrations, la démographie, l’économie, la vie quotidienne, la culture, l’art, mais aussi le racisme, les discriminations, le rapport à l’esclavage et la colonisation. "

The National Museum of the History of Immigration is located in the 12th arrondissement, located at the Palais de la Porte Dorée (metro line 8, stop Porte Dorée, tram T3a, bus 46 or 201) : practical information.

" The National Museum of the History of Immigration is a multidisciplinary cultural, scientific and educational institution: exhibition spaces, performance hall, cinema, place of reflection and debate, artistic activities. Its mission is to bring together, safeguard, highlight and make the history of immigration accessible to as many people as possible, to make its role known and recognised in France yesterday and today. The museum offers a broad approach, from a chronological point of view (from 1685 to the present day), geographical (France in the world) and thematic: statuses, migrations, demography, economy, daily life, culture, art, but also racism, discrimination, the relationship to slavery and colonisation.”

Musée de l'immigration Le bas-relief du Palais côté Asie
Le bas-relief du Palais côté Asie
© Cyril Sancereau

 

Le Palais et son histoire

The Palais and its history

 

Citation

Le contexte colonial : inaugurée le 6 mai 1931, l'Exposition coloniale tente de promouvoir une image de la France impériale à l’apogée de sa puissance. Prenant la forme d’un immense spectacle populaire, véritable ville dans la ville, l’exposition s’étend sur plus de 1200 mètres de long et est sillonnée de plus de 10 kilomètres de chemins balisés.
Le Palais des colonies : la vocation première du Palais de la Porte Dorée fut d’être un musée des colonies, devant représenter les territoires, l’histoire de la conquête coloniale et son incidence sur les arts. Considéré de manière unanime comme l’un des ensembles des années 30 les plus remarquables de Paris, il incarne aujourd’hui un témoignage précieux de la conception muséographique d’une époque où ce type d’établissement jouait un rôle central dans la diffusion et le partage des connaissances.

Quote

The colonial context: inaugurated on May 6 1931, the Colonial Exposition attempted to promote an image of imperial France at the very height of its power. Designed in the form of a huge festival, a true city within the city, the exposition stretched over more than 1200 meters, crisscrossed with more than 10 kilometers of signposted paths.
Le Palais des colonies : the main vocation of the Palais de la Porte Dorée was to be a “museum of the colonies”, which was to represent the territories, the history of the colonial conquest and its effect on the arts. Viewed unanimously as one of Paris’s most remarkable buildings of the 1930s, today it serves as a precious testimony to the museographic design of an era when this type of establishment played a central role in the dissemination and sharing of knowledge.

Parfois on oublie de vivre le moment présent. Mais pour comprendre et apprécier le présent, il est tout aussi important de comprendre le passé, les non-dits, les oublis, les silences de notre histoire écrite. Comme le disait Marc Bloch : "Sans se pencher sur le présent, il est impossible de comprendre le passé... Il n'y a pas de passé objectif... Le passé n’apparaît qu’à mesure que nous lui posons des questions. 3 minutes de philosophie pour redevenir humain sur radiofrance.fr.

Selon un vieil adage « La culture, c'est la lumière du passé, dans les mains du présent, pour éclairer le futur" (Léon Litchle),  alors aller vite visiter le musée de l'immigration !

Sometimes we forget to live in the present moment. But to understand and appreciate the present, it is just as important to understand the past, the unsaid, the forgotten, the silences of our written history. As Marc Bloch said: "Without looking at the present, it is impossible to understand the past... There is no objective past... The past only appears when we ask it questions. (3 minutes de philosophie pour redevenir humain sur radiofrance.fr  - in French).

According to an old adage “Culture is the light of the past, in the hands of the present, to illuminate the future” (Léon Litchle), so go quickly and visit the imigration museum!

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